C’était la première motivation de ce voyage : partir à la rencontre des femmes berbères de Tunisie. C’est suite à un reportage que j’ai vu sur Arte l’année dernière sur la signification des tatouages des femmes berbères, que j’ai décidé de m’envoler vers la destination Dahar, au sud-est tunisien.
Découvrir la vraie Tunisie authentique, chez les berbères du Jebel Dahar
Le Dahar est une région ouverte, sûre et très accueillante. Mais c’est surtout une région peu touristique.
Grâce à la Destination Dahar, la Tunisie propose aux passionnés de terres d’histoire, de paysages surnaturels (c’est ici qu’ils ont tourné Star Wars en partie…la planète Tatwin vient du nom de la ville de Tataouine) et de rencontres authentiques de vivre une expérience unique comme j’ai pu la partager pendant cette semaine, de village en village, au coeur des familles et des habitants des maisons troglodytes.
Et pour comprendre l’histoire et la culture berbère, je te conseille de passer en premier à Tamazret chez Monji !
Le musée Berbère de Tamazret
C’est dans le petit village de Tamazret près de Matmata, que Monji Bouras a créé un paradis pour tous les passionnés d’ethnographie, d’histoire et de culture Berbère. Monji recherche à travers toute la Tunisie, le moindre objet issu de sa culture afin de compléter son musée berbère qu’il restaure depuis maintenant 19 ans et qui regorge de trésors, dans le seul but de faire perdurer sa culture berbère et la partager aux quelques visiteurs qui passent dans la région. Il est fascinant à écouter… Tellement enrichissant et je trouve qu’il a les plus belles dents du monde ! Je lui ai demandé, elles ne sont pas fausses !
Il confectionne également des chaussures brodées par ses soins, pleines de couleurs et de significations. Chaque dessin, symbole a une signification précise, comme pour les tatouages et les broderies des robes que les femmes portaient lors du mariage. C’est donc avec beaucoup d’émotions que j’ai porté la plus vieille tenue de mariée berbère du musée de Monji. Autant te dire qu’il m’a fallu plus de 45 minutes pour m’habiller, « qu’on me couvre d’or » et qu’il faisait environ 48° sous les 4 couches !
Un berbère est un Amazigh, ce qui signifie « Homme Libre ». D’ailleurs le symbole des Amazigh, reprend bien cette traduction puisqu’on retrouve dans la lettre « Yazd » l’homme qui se tient fort à la terre et qui respire le ciel, ce qui évoque la liberté ! Tout ça… c’est Monji qui me l’a appris.
Mais la plus belle surprise quand je suis arrivée à Tamazret, c’est quand j’ai reconnu la maman de Monji… c’est elle qui était dans le reportage d’Arte ! Comme quoi… il n’y a pas de hasard mais que des rendez-vous. Incroyable non ? Quelle était la probabilité ? Hafssia Bouali en personne. J’écris son nom car quand je l’ai rencontrée et que je lui ai demandé si elle était d’accord que je publie une photo d’elle sur le blog, elle m’a dit : « ok et surtout, écris bien mon nom, je veux être sur internet ! » alors voilà ! J’ai adoré…
Les tatouages des femmes berbères
Les berbères avaient tous recours au tatouage au cours de leur vie. Le tatouage encrait les croyances et les rites passés dans le quotidien des grand parents. Aujourd’hui c’est très mal vu car interdit par l’islam.
Mais je pense que le mieux est que tu regardes le reportage dont je te parlais sur les tatouages des femmes berbères. J’ai retrouvé le lien et le voici ! Une belle manière de découvrir cette culture.
Sinon, une chanson du reportage que j’ai regardé à nouveau en écrivant l’article disait : « un tatouage sur le pied vaut mieux que 10 chamelles ma fille »… alors je te raconte pas comment je me sens fière depuis… Petite parenthèse, photo prise en Colombie sur ma terrasse de Santa Marta en train de siroter un cocktail avec Mariana et Mica, mes copines d’Uruguay. Désolée, je n’ai pas trouvé de photo avec les pieds propres…
Cuisiner avec les femmes de Ras el Oued
Changement d’ambiance… je suis passée dans la cuisine enchantée avec Jazia, sa soeur Berka, sa tante et sa cousine Kaoutar. Un bon moyen de partager des fous rire, de bons plats et des vies de femme tellement loin de mon quotidien. Dans la cuisine, on est proche, on parle, on partage…! C’est intime au final une cuisine. Et celle-ci… qu’est ce qu’elle était belle. On se serait cru dans une maison de poupées.
Je n’ai pas envie de dévoiler ici l’histoire personnelle de Jazia et Berka, mais juste de parler du courage de ces 2 soeurs invincibles, qui croient et aiment tellement la vie qu’au fur et à mesure de rencontres, elles ont monté un projet de chambre d’hôtes dans leur petit village de Ras el Oued. Quand j’y suis passée c’était encore en travaux mais franchement… si tu décides d’aller découvrir cette région du monde, promets moi que tu passeras chez Jazia et Berka. Voici leur numéro : +216 25 09 03 40
Aussi, leur oncle fabrique des plateaux à thé en bois merveilleux dans le village. Leur tante m’a offert le sien en souvenir. Il est dans mon salon avec des plantes vertes posées dessus, et pas un jour sans que je pense à elles et à leur courage ! Les voyages je les aime aussi pour ça. Ils reconnectent les câbles au bon endroit dans nos petites têtes de gâtés de la vie.
Mais revenons à quelques chose de plus fun… j’imagine que tu te demandes ce que nous avons cuisiné ensemble ?
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Meloujia (plat avec la sauce noire) : d’aspect ça ressemble un peu au naufrage de l’Erika mais c’est super bon !
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Bourol : Soupe avec l’orge, la viande séchée, les fèves et les pois chiche (tu sens déjà le truc léger à digérer)
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Les cornes de gazelle avec la recette traditionnelle de Tataouine
- Tabouna : le pain traditionnel (attention en marocain ce mot signifie tout autre chose… je donne la traduction sur demande privée si besoin mdr)
Ces rencontres resteront gravées dans ma mémoire…
D’ailleurs j’ai rencontré les filles en septembre pour la première fois, et en décembre je suis retournée les voir. Je leur ai imprimé des photos que je leur ai remises en main propre. C’était important pour moi de leur laisser un souvenir de notre rencontre.
Le mot du jour : Wesh s’wesh qui signifie « moustique » en Amazigh. Quand tu repenses à tous ces caves dans la rue qui sortent « wesh » ça fait rire non ?
Couture et métier à tisser avec les femmes de Bir Thalathine
C’est à quelques kilomètres de Tataouine que se trouve la groupement agricole de Bir Thalathine dont font partie Aroussia et Hedi (foulards rouge et noir… pratique du coup pour se repérer ahahah )
Ce groupement est soutenu par des associations afin de venir en aide aux femmes du village et leur permettre de lancer des activités professionnelles.
A Bir Thalathine on confectionne des petites pochettes en laine, des trousses gansées de cuir. On créé des tapis traditionnels qui prennent parfois plus de 3 mois sur les métiers à tisser comme me l’a montré Khalte qui file la laine. Autant te dire qu’il faut un peu de patience… Et toutes les couleurs sont naturelles !
Les femmes sont aujourd’hui présentes sur les marchés artisanaux dans différentes villes en Tunisie et projettent même de faire un site de vente en ligne… C’est merveilleux non ? C’est ça que j’aime dans les moyens que l’on a aujourd’hui. Ca peut faire revivre tout un village, une communauté…
Pour info, pour avoir 100g de fil de laine il faut 2 jours de travail.
Développer la formation et l’autonomie des femmes berbères du Dahar
C’est grâce à l’équipe de destination Dahar que j’ai pu rencontrer les femmes berbères de Ras el Oued et de Bir Thalathine. Selma, qui fait partie des guides, travaille au sein de l’association Arcs Tunisie qui met en place de nombreux projets pour favoriser le travail des femmes au sein des villages et ainsi leur permettre une meilleure autonomie et indépendance… Et tu sais combien ça me tient à coeur !
Afin d’aller jusqu’au bout de la démarche, l’association a même lancé cette année la marque Tataoui (en référence à Tataouine, région d’où proviennent la majorité des produits) afin que les femmes puissent vendre les produits une fois qu’ils ont été confectionnés.
Il est très difficile pour les femmes non mariées, divorcées de survivre. Peu d’entre elles ont eu la chance de poursuivre leurs études. Elles ont parfois des enfants à charge et ça peut être très compliqué de trouver un travail. L’association leur propose des formations aux métiers à tisser, à la couture, à la cuisine… et leur met à disposition le matériel nécessaire pour réaliser leurs projets.
C’est fabuleux de voir l’investissement de cette femme, déterminée et passionnée. Bravo Selma… C’est vraiment beau tout ce que tu a mis en place… Et au delà des formations qu’elle propose aux femmes des villages, c’est aussi toutes cette relation humaine de confiance que l’on voit dans leurs yeux… Très émouvant d’avoir partagé ça avec elles. C’est vraiment l’esprit que je voulais pour ce voyage…
Tourisme durable et pas de masse… déjà partant de là… je savais que je me sentirai bien dans la destination Dahar ! Puis des noms comme Tatatouine où toute ta vie tu t’es demandée si ça existait vraiment ou pas, il fallait pas hésiter et aller découvrir ça.
Merci à toutes ces femmes qui m’ont ouvert leur porte et leur coeur et avec qui j’ai pu partager un bout d’histoire que je peux aujourd’hui te raconter en espérant te donner envie d’aller à leur rencontre pour s’étaler sur un bout de tapis en sirotant un thé et en mangeant quelques cornes de gazelle puisque c’est la spécialité de Tataouine ! Choukran Tunisie ♥
••• Transport et logistique : pour toute la logistique, l’hébergement et les transports, j’ai survécu grâce à Touareg Voyages. Tu peux contacter Radhouane de ma part. Fiabilité au top… Hyper pro, 4×4 toujours nickel, il connait toute la Tunisie comme sa poche. Il propose d’ailleurs d’autres tours… Celui du désert est génial. J’y suis partie également avec lui. Chauffeur + guide en français, anglais, allemand et tunisien of course !
Sinon ça c’est l’ambiance dans le 4×4 avec Selma et Radhouane !
Commentaires
4 CommentairesJulie la Blogtrotteuse
Mai 24, 2018C’est beau. Tes photos sont belles, toutes, tes paroles sont belles et cette expérience… Je suis toute émue. J’ai regardé le reportage sur les tatouages berbères et, ça y est, moi aussi je veux en apprendre plus, moi aussi je veux rencontrer ces femmes. Merci pour ce beau partage ♡
Marie • A day in the world
Mai 29, 2018Je suis alors ravie que ça te donne envie d’aller à leur rencontre. Franchement je suis à ta dispo si tu veux plus de contact et d’infos sur le sujet. N’hésite pas ! Tellement envie que tout le monde les découvre…
Mohamed
Oct 12, 2018C’est très interessant ce que tu as découvert à Matmata mais tu peux découvrir la vie des femmes berbères aussi au nord de la Tunisie.
Marie • A day in the world
Oct 13, 2018Il faudra que je revienne alors pour découvrir ça !